Hypersensibilité
Comme nous le rappelle Nathalie Clobert dans son magnifique livre 'Ma Bible de l’hypersensibilité', « Il y a plusieurs siècles, être doté d’une sensibilité élevée était une qualité valorisée et recherchée. On y voyait un témoignage d’éducation, de bon goût, de délicatesse et de richesse de l’âme.
On cultivait sa sensibilité avec application au contact de l’art, de la musique et de la littérature, et ce dès le plus jeune âge ».
Que s’est-il passé pour qu’aujourd’hui, être sensible soit devenu un défaut encombrant et indésirable ?
De nombreux amalgames se font entre l’hypersensibilité et toute une série de troubles psychologiques reconnus tels que la bipolarité, la paranoïa, l’hypocondrie ou la dépression. Cette incompréhension, c’est ce que bon nombre d’hypersensibles vivent tous les jours : le sentiment de ne pas être reconnus pour qui ils sont et de ne pas être nés à la bonne époque.
La société de la performance dans laquelle nous vivons aujourd’hui nous dit que l’avenir se situe dans la science et la technique, domaines dans lesquels la sensibilité est ressentie comme une intruse.
Comprendre l'hypersensibilité
Elaine Aron, psychologue et chercheuse américaine, est reconnue comme l’une des spécialistes de l’hypersensibilité. Elle a développé la théorie la plus connue du grand public, La sensibilité dans le traitement sensoriel (Sensory-Processing Sensitivity).
On peut définir l’hypersensibilité comme une sensibilité nettement plus élevée que la moyenne. Elle implique une plus grande sensibilité aux stimulations de l’environnement, comme une réponse émotionnelle intense. Les personnes hypersensibles perçoivent davantage les signaux, et elles y réagissent avec plus d’ampleur.
L’hypersensibilité peut être sensorielle : elle concerne alors les cinq sens (les sons, les images visuelles, les sensations tactiles, les goûts et les odeurs). Elle peut aussi être émotionnelle : les personnes hypersensibles perçoivent avec plus d’acuité les émotions (les leurs et celles des autres) et expriment les émotions avec plus d’intensité.
Les stimulations perçues avec plus de sensibilité sont internes : les sensations physiques, la douleur, les émotions, mais également externes : les émotions d’autrui, les stimuli dans l’environnement (bruits, odeurs, luminosité,…).
L'Hypersensibilité:
le 'Super-détecteur' et la 'Super-alarme'
Nathalie Clobert, psychologue clinicienne, utilise la métaphore très parlante du « super-détecteur » et de la « super-alarme » pour illustrer l’aspect à la fois réceptif (seuil de détection plus bas) et réactif (plus grande réponse émotionnelle) de l’hypersensibilité.
Vous l’aurez compris, l’hypersensibilité, comme le haut potentiel, peut amener les personnes à se sentir décalée par rapport à ce qui est attendu dans leur environnement.
La sensibilité élevée n’est pourtant pas un phénomène rare. De nombreuses personnes sont concernées par l’hypersensibilité dans le monde. Selon la littérature et les critères utilisés, on estime en général la proportion des personnes hautement sensibles dans la population entre 15 et 20%.
Les Origines de l'Hypersensibilité
Les recherches scientifiques disponibles ne permettent pas d’avoir de certitude sur l’origine neurologique de l’hypersensibilité. L’hypersensibilité serait le produit d’une interaction entre des prédispositions génétiques (estimées à 40% dans certaines études) et des expériences vécues. Mais la sensibilité élevée peut se développer davantage dans certains environnements ou sous l’influence de certains événements de vie positifs ou traumatiques. Des traumatismes affectifs lié à la relation à l’autre et la gestion de ses propres émotions vont renforcer la sensibilité dans le domaine social.
La bonne nouvelle est que dans la mesure où l’hypersensibilité n’est pas d’origine uniquement génétique, il est possible de la faire évoluer en travaillant sur les traumatismes éventuels ou en acquérant des techniques de gestion des émotions, par exemple.